Alignement : Si l’alignement stratégique n’est pas satisfaisant, le patron de l’organisation se retrouvera dans la même situation qu’un enfant promenant son chien et ses 60 chiots sans laisse.

Patrick JAULENT

Lorsqu’une organisation (du domaine public ou privé) change de stratégie, son personnel doit également changer sa manière de faire. C’est tout le challenge des cadres, à tous les niveaux de l’organisation, d’aider les employés à comprendre les changements stratégiques, à les guider et à les motiver dans leur nouvelle façon de travailler.

Puisque chaque organisation a une stratégie différente (cf. mythe..), la mise en oeuvre des changements doit évidemment être adaptée. Mais il y a un facteur clé de succès : l’alignement.

Tout changement de stratégie exigent l’alignement / réalignement des processus et projets identifiés comme stratégiques, c-à-d en charge de la réalisation des objectifs stratégiques, et naturellement, des ressources consommées par ces derniers : ressources financières, informationnelles, humaines.

Pour faire simple, l’alignement est un processus composé de deux activités :

- Lors de la première activité, les dirigeants (les membres du comité de direction) communiquent les objectifs / priorités stratégiques à tous les employés de l’organisation

- Lors de la seconde activité, les différents cadres veillent à ce que les objectifs / priorités stratégiques soient « exécutées ». La clé du succès réside dans l’exécution de la stratégie.


Pour réaliser la première activité les organisations mettent généralement en place un vaste programme de communication orale et écrite (d’autant plus vaste qu’elles n’ont pas écoutées la base : cf. mythe..). Elles s’assurent ensuite régulièrement par des enquêtes, que le personnel a pris conscience de l’importance de la réalisation des objectifs / priorités stratégiques.

Pour aligner les objectifs stratégiques de l’organisation, certains cadres réaliseront le « cascading » : ils identifieront les objectifs « locaux » qui contribueront aux objectifs stratégiques. Par exemple, l’organisation G, a pour objectif stratégique de « développer les ventes sur les canaux grands publics ». « Cascader » consiste, pour le patron de la direction des ventes », à identifier les objectifs locaux (la direction des ventes) qui contribueront à l’atteinte de l’objectif stratégique. Si la stratégie de l’organisation G est formalisée à l’aide d’une carte stratégique : cascader, pour le patron des ventes, consiste à concevoir la carte stratégique de la direction des ventes. Attention « cascader » n’est pas « décomposer » Don’t acte.

Certaines organisations réalisent l’alignement en liant les objectifs individuels (récompense – évolution -..) aux objectifs stratégiques (cascadés ou non).

Dans l’organisation H, les objectifs individuels sont discutés à partir des objectifs stratégiques. Le personnel de cette organisation est « éduqué » à une telle pratique. C’est d’ailleurs lui même qui fixe ses objectifs individuels à partir des objectifs stratégiques, et qui en discute avec son responsable hiérarchique.

Pour aligner, l’organisation H mesure le pourcentage d’employés ayant des objectifs liés aux objectifs stratégiques.

Pour l’organisation R, l’alignement s’effectue par les programmes de formation. Elle mesure le pourcentage d’employés ayant une formation liée à la conception de la carte stratégique. Une équipe de rugby ne doit pas entrer sur le terrain tant que chaque joueur n’a pas bien compris le plan du match pour gagner.

Les organisations doivent ainsi faire l’effort de s’assurer que tous les employés comprennent la stratégie car, le niveau d’alignement détermine la valeur leur capital organisationnel.

Vos commentaires sont les bienvenus.


Commentaires (5)
1. CADET Tony le 05/02/2008 23:25
C'est clair, rien à dire !

Le challenge n'est pas tant de comprendre la stratégie ni de l'aligner en local (encore que parfois, le siege est bien loin vu de Brest, Marseille, Calais ou encore Strasbourg ou ailleurs).

Le challenge c'est d'animer les équipes pour transformer la stratégie en opérationnel, c-a-d en actions concretes et donc en :
- En Chiffre d'Affaires, commandes ou taux de transformation s'il s'agit des ventes
- En Remises s'il s'agit des achats
- En temps/productivité ou pieces produites s'il s'agit d'une chaîne de production
- En fidélisation du personnel s'il s'agit de lutter contre le turn-over etc.

Donc donner du sens, matérialiser la stratégie en quelque chose de concret & compréhensible !

Le métier de "Manager de Proximié" prend donc ici tout son sens, au pays du réel, du faire & du réaliser ...
2. Richard Coffre le 07/02/2008 12:19
Pour ma part, je me trouve dans une organisation H et je m'attache vraiment à impliquer mes collaborateurs dans la définition de leurs objectifs. Cela permet deux choses :
- une bonne compréhension des enjeux ;
- la prise de conscience des moyens à mettre en oeuvre.

Par ailleurs, la discussion qui en découle engendre une compréhension mutuelle et une acceptation plus grande des objectifs. En effet, dans ce type d'organisation, le collaborateur n'a pas à "simplement" exécuter un ensemble de tâches qui lui ont été imposées.
3. CADET Tony le 10/02/2008 11:28
Je me demande s'il n'est pas envisageable (même conseillé) d'établir une Carte Stratégique "Management ou Opérationnel"
--> Vous comprenez ce que je veux dire ?
C-a-d de projeter, d'anticiper les scénarios liés à l'intégration de la stratégie au niveau de l'humain !

@Tony
4. Tigana le 13/12/2008 14:03
Bonjour Jaulent,
Lors de mes recherches sur le net j'ai lu vos articles sur l'alignement strategique. Vous m'avez convaincu.
Je voudrais savoir les differentes exemples d'indicateurs qui peuvent aider les managers à suivre l'alignement stratégique dans une entreprise commerciale.

TIGANA lamine
stagiaires au CESAG
5. Pr & Dr BOUTTI le 23/12/2008 22:27
Il est certain que la communication transversal à la fois top down et bottom up est un FCS primordial en temps de crise ou non.
Nous nous inscrivons dans une lignée globale ou les RH de l'entreprise lorsqu'ils s'insèrent dans une logique malsaine optimisant leurs intérêts personnels au détriment de la performance de l'entreprise, les résultats en terme de création de richesses durables seront une catastrophe prévisible in fine.

En effet, bien que les RH disposent d'expériences probantes et d'un potentiel élevé (HP), si ces derniers ne sont pas intègres, l'entreprise paiera tôt ou tard très chère cette erreur commise au plan du recrutement.
Un diplôme n'est aucun cas un diplôme d'honnêteté.
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